de Michel Crozon, Editions Vuibert. Broché ISBN 2711771539, €28.
Sous un titre évocateur des grandes offensives aériennes des années quarante, voici un nouveau compendium du rayonnement cosmique. Ces corpuscules naturellement accélérés depuis le fin fond de l’univers jusqu’à des énergies susceptibles de faire pâlir d’envie le physicien moderne, ont été mis en évidence voici bientôt un siècle grâce aux pacifiques ballons de l’Autrichien Viktor Hess.
Plus tard une foule d’autres pionniers tels que Robert Millikan et Carl Anderson traquèrent le mystérieux rayonnement. Ils furent suivis en Europe par Pierre Auger et Louis Leprince-Ringuet avec son école du Pic du Midi de Bigorre, lesquels ne tardèrent pas à se tourner vers l’exploitation des appareillages d’un CERN pas encore adulte. Aujourd’hui la chasse aux rayons cosmiques dispose de vastes installations de détection comparables de par leur ampleur à celles ceinturant le futur accélérateur européen LHC. Implantés dans les entrailles du globe, sous les glaces du Pole Sud, en Méditerranée, voire en de profondes mines, ces instruments tentent d’expliquer l’origine de corpuscules extra-galactiques dont l’énergie peut frôler les 1020 électronvolts.
L’ouvrage survole l’essentiel des expériences réalisées avant et depuis la guerre afin de mieux connaître ces messagers célestes. Au fil de 240 pages bien illustrées, l’auteur situe cette expérimentation dans le contexte des développements de la physique corpusculaire. Son approche n’en demeure cependant pas liée aux seuls développements théoriques. Elle décrit aussi l’outillage de plus en plus perfectionné mis en œuvre: émulsions, compteurs Geiger-Müller, ballons, chambres à brouillard ou à bulles, détecteurs souterrains ou sondes embarquées sur satellites.
L’auteur qualifie son travail d’ouvrage de vulgarisation. Toutefois, à destination du lecteur plus féru de détails technico-scientifiques, l’usage de caractères d’imprimerie différents permet occasionnellement de passer à un registre plus avancé. Le livre ne manque d’ailleurs pas d’autres atouts, à commencer par une table des matières commodément située en début de volume, et un lexique bien charpenté. En contrepartie il faut se satisfaire de quelques inconvénients tels que la sempiternelle orthographe d’électronvolt en deux mots ou, moins mineure, l’absence d’index.
En bref, le lecteur avide de science et désireux de mieux cerner la physique des corpuscules de hautes énergies pourra assouvir sa curiosité grâce à cette incursion dans le royaume de la plus gigantesque des machine accélératrices de particules: l’univers lui-même.