De François Vannucci
L’Harmattan
Broché: €27
Paris, dans les années 1950. Michel a 11 ans et voit des bulles, ce dont il est très fier. Terme résolument non scientifique, le mot ” bulle ” désigne pour le narrateur – Michel – ” une myriade de points lumineux dansant dans tous les sens “, points lumineux qui se révèleront être, au fil des pages, des ” neutrinos “. Nous y voilà.
Vous l’aurez compris, bien qu’écrit par un physicien des particules spécialisé en physique des neutrinos, ce livre est un roman. L’objectif n’étant pas de vous en apprendre des kilomètres sur ces fameux neutrinos, mais de vous embarquer dans une histoire dont ils sont les protagonistes. Et si l’histoire est contée par un jeune narrateur passionné de physique, il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un enfant, et non pas (encore) d’un physicien des particules.
L’intrigue, si je puis donner à l’histoire cette connotation très romanesque, est somme toute assez simple. Michel, écolier plutôt mauvais en maths mais bon en imagination, vit dans un minuscule appartement parisien avec ses parents. Il va à l’école à pied, troue ses chaussettes, accompagne sa mère au marché le jeudi et à la messe le dimanche, passe ses vacances d’été à la campagne, collectionne les timbres, adore les truffes au chocolat, et se délecte des histoires de science de son oncle Albert, fonctionnaire tire-au-flanc et lecteur assidu de magazines de vulgarisation scientifique. Mais ce qui anime surtout Michel, moins son histoire, c’est cette étrange capacité à voir des neutrinos.
Mais ne vous méprenez pas, les neutrinos de Michel sont loin de coller à l’idée que l’on s’en fait au CERN. Pour Michel, ce ne sont en effet ni plus ni moins que les constituants de l’âme des êtres vivants, ou, comme les décrit encore le narrateur, ” notre carburant spirituel “. Ce qui explique d’ailleurs que les jeunes en émettent plus que les vieux, et que ceux qui n’en émettent plus sont morts. CQFD.
Au final, ce livre est un long voyage dans la tête d’un gamin de 11 ans, à la rencontre de ses idées farfelues, de ses expérimentations et déductions scientifiques, de ses découvertes triomphantes et de ses confrontations au monde des adultes. Certains passages sont franchement réjouissants, et l’on finit par se prendre d’affection pour le jeune Michel, qui garde précieusement au fond de sa poche, un marron, une bille et une boîte pleine de neutrinos.