par Jean-Marie Vigoureux, Editions Ellipses. Broché ISBN 2729823557, €19.50.
Un de plus! Cette année 2005 aura vu la multiplication d’ouvrages dédiés à Albert Einstein. Certains développent prioritairement l’histoire de l’homme et de sa vie, d’autres s’intéressent à sa théorie de la relativité.
Le présent livre commence par clarifier la question de la gravitation ´ l’aube du 20e siècle, avec ses grands succès (pendule de Foucault, découverte de la planéte de Le Verrier) et ses échecs (problème à trois corps, périhélie de Mercure), ces derniers semblant indiquer le besoin d’une “nouvelle physique”.
La partie de l’ouvrage la plus intéressante est l’introduction qui traite des débats philosophiques sur la notion de force agissant à distance à travers le vide, et sur les concepts d’espace et de temps avec les critiques de Ernst Mach pour qui l’espace est impensable sans la matière nécessaire pour le définir. Alors, Einstein arrive.
Le livre est très documenté, il comprend deux pages entières de bibliographie. Il ne comporte pratiquement aucune équation, même pas les transformations de Lorentz, ce qui est un bon point pour certains lecteurs. Cela limite cependant la compréhension globale, et les propriétés induites par la théorie (dilatation des temps, contraction des longueurs) sont données sans explication claire.
Le choix des conséquences abordées de la relativité est un peu arbitraire. L’auteur ne débat pas de la fameuse équation E = mc2, à peine citée, mais 10 pages sont consacrées aux tentatives infructueuses de Joseph Weber pour mettre en évidence les ondes gravitationnelles. Les acquis récents de la cosmologie (fond cosmologique, énergie noire) ne sont pas présentés, et aucune perspective n’est indiquée. La derniére partie relate la vie à Princeton d’un anticonformiste solitaire, berçant le rêve d’une théorie du tout.
Il existe sur le marché des biographies d’Einstein plus vivantes et des exposés plus complets de la relativité et de ses conséquences. Cet ouvrage donne l’impression d’un travail un peu impersonnel d’érudit. Ce qui peut gêner est le point de vue souvent hagiographique: on lit le récit de la vertueuse vie de Saint Albert, savant et philosophe en quête d’harmonie, et le sous-titre du livre “au prix d’une peine infinie” va jusqu’à lui conférer les palmes du martyre… ce qui peut paraître très exagéré.
Malgré tout, le livre vaut par de petits exemples bien expliqués qui aident à concrétiser la démarche d’Einstein vers l’élaboration de sa grande théorie de la relativité.